Matières

Matières

19 déc. 2011

7 déc. 2011

"Incandescence", extrait.

Bonjour à tous,
désolé de ne pas être très régulier dans mes publications... Ces derniers mois ont été un peu perturbés par tout ce que j'ai à faire tant au plan professionnel qu'artistique.
Mon travail chez Orange me prend bien sûr toujours l'essentiel de mon temps... Que faire, il faut bien gagner sa croute. Heureusement, j'y trouve quelques satisfactions et sources dinspiration...
Le couteau est quant à lui resté un peu seul du fait que mon roman "Incandescence", paru dernièrement aux éditions TheBookEdition, m'a complètement happé cet été jusqu'à fin novembre; lectures, corrections, relectures... Bref, c'est normal dans le cadre d'une publicaiton. Mais je suis bien content maintenant de vous l'avoir transmis... car c'est vous qui allez le faire vivre...

Pour vous, en voici un court extrait...

"François a travaillé tard cette nuit-là. Il a entoilé plusieurs châssis de grandes tailles et les a enduits de Gesso, pâte blanche et épaisse. Il en a aussi fait une série de petits. Ceux-là, il les travaillera plus tard ; des natures mortes. Il a aussi commencé un autre grand format qu’il imagine depuis longtemps et dont il a préparé le support. Le fusain s’est usé sur cette immense surface. Les gestes ont été rapides, précis, sans hésitation. En quelques coups, le sujet est apparu. L’espace s’est divisé pour donner naissance à une nouvelle construction toute de points, de traits et de lignes. Droites ou courbes, elles se répondent en un dialogue dont seul François détient la clé. En suivant les contours avec un peu de blanc et en quelques passages de la brosse, il fait baver le dessin donnant alors aux sujets leur première épaisseur. Au premier plan, une table. Rouge. Sur la table, un pot en terre cuite avec des fleurs. Les fleurs sont carrées. La table est dans une pièce qui donne sur un jardin auquel on accède par une porte-fenêtre largement ouverte. Le jardin s’étend au loin, donnant sur la mer que suggère un simple trait bleu, teinté d’indigo. A gauche, une verrière diffuse une douce lumière. Chaque coup de pinceau apporte un peu plus de vie aux sujets qui, de l’état de figures planes, prennent leur volume. Par petits gestes brefs et assurés, François place les ombres qui relient les objets et les fait se répondre. Ici, la toile restée blanche présage de la lumière qu’un camaïeu de jaunes, de rouges et d’oranges, rendra bientôt si intense. Puis le couteau remplace la brosse. Par grands aplats, François appose la matière. La pâte s’étale avec aisance et selon la pression qu’il exerce, elle prend plus ou moins de présence, créant par ici de larges couches épaisses, là d’autres aussi fines qu’une feuille de papier de soie. Le couteau soudain s’immobilise. Cette fois, François le met à tremper, encore plein de peinture, dans le pot. La toile, posée par terre sur un grand drap froissé à force d’avoir été piétiné, côtoie une ribambelle de godets de verre aux teintes multicolores. Fatigué, François ne se donne plus la peine de refermer les pots de couleurs qu’il laisse à la proie des poussières. Il s’allonge sur le divan au fond de l’atelier. Et comme pour l’apaiser, l’obscurité l’enveloppe et le porte déjà vers d’autres images plus lointaines."

Bonne lecture !