Matières

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Au début, il y avait...

Quand, en 1989, j'ai acheté mes premiers pinceaux et ma première boîte de peinture à l'huile, je ne savais pas du tout ce que j'allais pouvoir en faire. En fait, ce n'est que quelques temps plus tard que j'ai déballé mon matériel et que, dans la petite cuisine de mon appartement parisien de la rue des Grands-Champs - c'était au 94 - j'ai réalisé mon premier tableau sur carton toilé; rien de très original : une plage, la mer et au loin un petit bateau. Le tout au soleil couchant; je devais déjà être influencé par le tableau de Monet Impression, soleil... levant.




Quand je repense à ce tableau, je me dis qu'il y avait un petit quelque chose. La touche du sable est un peu grossière mais des plans étaient posés, une lumière arrivait sur l'eau et la faisait scintiller avec des reflets soutenus... Bon... C'était le premier!

Le deuxième, réalisé quelques semaines après, était plus hardi puisqu'il représentait un paysage de campagne avec ses plans et ses perspectives... J'avoue que les verts étaient un peu criards! D'ailleurs, j'ai depuis appris à n'avoir aucun tube de vert dans mes stocks. C'est donc exclusivement par mélanges que je les fabrique, en combinant jaunes et bleus et le résultat est, il faut bien le dire, in-com-pa-ra-ble ! 




Après ces deux toiles réalisées respectivement en janvier et mars 1990, allaient suivre des années de travail guidées par l'apprentissage de la technique, essentiellement par les livres mais aussi un peu dans les musées. Une amie de ma mère, qui tenait un atelier de peinture, me dit un jour, alors qu'elle était venue corriger mes premiers travaux, qu'il fallait dix ans pour faire un peintre et toute la vie pour le devenir... Près de 25 ans après, je dois dire qu'elle avait raison.

Les deux toiles qui suivent datent donc de cette époque d’apprentissage:

La vase bleu - Collection particulière Paris
La tasse - Collection particulière Paris
Signées en 1993, elles ont été peintes en même temps et forment une paire, chacun des deux éléments mesurant 33 cm x 27 cm.

Dans ces tableaux, la composition joue un rôle essentiel, tenant compte du nombre d'or et de la règle des 2/3-1/3. Les lignes de force (verticales, diagonales, horizontales, courbes) structurent le sujet dont les éléments sont placés sur ou selon ces lignes. De cela naîtra l'harmonie des sujets; l’usage du nombre d'or (1,618) permet de garantir un équilibre parfait des éléments entre eux mais aussi la perfection des éléments s'ils sont, eux aussi, construits selon le nombre d'or. Ce nombre s'applique aussi au corps humain (voir la vidéo Le Nombre d'Or 1,618. La Divine Proportion (Harun Yahya))

Le tableau suivant a été construit selon des lignes de force courbes. Ici, la courbure de la table structure le sujet. La chaise est ainsi disposée de manière que la courbure de son dossier se trouve parallèle à celle de la table. Les fruits, quant à eux, sont placés de sorte qu'ils forment une courbe inversée trouvant son prolongement dans la bouteille. De même, le bord de la table est positionné selon le nombre d'or c'est à dire tout proche de 1,618, fruit du rapport entre la hauteur de la toile et la hauteur de la table.

La chaise - Collection particulière - Montrouge

"Vinrent ensuite des années d’un intense travail d’apprentissage et d’étude par les livres et le dessin. Dès lors, chaque jour qui passe invite François à exercer son regard. Chaque nouvelle toile peinte est un pan de liberté gagnée. Au début, il n’avait rien dit à son nouvel ami. Mais sa décision était bien prise : lui aussi peindrait. François a rassemblé quelques économies et les a consacrées à l’achat des premiers matériels : un morceau de carton toilé, quelques tubes de peinture à l’huile fabriqués en Chine et un lot de pinceaux. Un peu d’essence de térébenthine pris dans le placard de l’entrée et un vieux chiffon trouvé dans le local à balais, complètent son outillage. Assis à la table de la cuisine, il dispose ses outils devant lui. Les tubes, encore neufs, reposent dans leur boîte de carton recyclé. Le zinc, légèrement grisé, leur donne un aspect passé qu’exacerbent des étiquettes au papier jaune pâle. Les brosses, plates et de largeurs différentes, arborent des manches en bois tendre alors que leurs poils, encore blonds, attendent d’être salis. Dans un vieux pot à confiture, François verse de l’eau. Il dispose le torchon à plat sur le devant de la table… Tout est en place.
Il se saisit alors d’un tube de bleu outremer, l’ouvre et hume l’odeur qui s’en échappe ; parfum nouveau qui l’enivre et dont il ne se lassera plus de respirer. Déjà, il en verse une petite quantité sur la surface blanche. Au début l’huile, qui s’est séparée du pigment, coule doucement tel le miel que l’on verse, formant de longs fils transparents. En appuyant sur le tube, François en extrait la couleur qui apparaît sous la forme d’une pâte épaisse et compacte qui tombe en petit paquet sur la toile. Avec un pinceau qu’il choisit fin, il brasse la matière qui s’étale et dessine des volutes aux reflets bleus translucides…
Dans cette cuisine aux allures de laboratoire, François découvre les premiers gestes du peintre."

Extrait de Incandescence, roman publié chez thebookedition.com

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