Matières

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Glacis et transparences

Dans certains de mes articles, je vous ai parlé de "glacis". Mais au fond, c'est quoi un glacis. En peinture, c'est une légère et fine couche de pigment transparent, apposée sur un travail pour en accentuer et faire vibrer les couleurs. Utilisé couramment en peinture à l'huile, il l'est aussi à l'acrylique et dans les techniques à l'eau.

Comme vous avez pu le lire sur ce blog, j'utilise la technique du glacis pour obtenir des effets de transparence forts et vibrants. C'est d'ailleurs une technique récurrente chez moi; ces fines couches de pigment - mélangé à du gel - permettent un travail de fusion des teintes et, par effet d'optique (réflexion de la surface) d'accroître le sentiment de profondeur du motif et des couleurs. Soit les glacis vont intensifier les contrastes et accentuer les profondeurs, soit ils vont les rendre légers et cristallins.




Le tableau "Roses blanches au vase blanc" a été travaillé avec cette technique sur l'ensemble de la surface; d'une part pour donner au fond gris sa profondeur et son intensité, d'autre part pour conférer à la vitre bleue un aspect dense mais aussi lumineux. Il ont permis en outre un travail de la matière avec les fusions que vous voyez sur la table au pied du vase.



Les glacis ont également été utilisés ici (Le petit bouquet rouge) pour obtenir toutes les vibrations que vous voyez sur le fond, mais aussi sur les vitres rouges et la table. Si l'on regarde de plus près le détail de ce tableau, on peut voir, dans les reflets sur la table, toutes les couches ajoutées qui ont permis ces fusions riches entre rouges et jaunes, mauves et oranges. De fins passages d'indigo apportent en outre une densité aux ombres et posent les objets. En fait, l'ensemble des éléments qui composent le sujet semblent tous avoir été façonnés de la même terre.




Pour ce travail de glacis, j'utilise du pigment pur mélangé à du gel. Le gel apporte au pigment une épaisseur mais aussi cet effet translucide tant recherché. Il permet bien sûr de fusionner les pigments entre eux par des passages du couteau sur la matière encore fraîche.





Ainsi, comme vous le voyez, j'utilise le glacis soit localement, pour un éléments du sujet pour lui apporter rondeurs et lumières (un fruit, un objet), soit sur l'ensemble du travail pour lui conférer une harmonie globale comme ici chaude avec les rouges, ou plus froide dans les déclinaisons de bleus.



"Le glacis est un procédé ancien, né de la volonté de mieux rendre, à tempera puis à l'huile, l'effet de transparence des tissus ou la vibration de la chair. Mise au point dès l'Antiquité, cette pratique est visible sur les peintures murales de Pompéi. Mais c'est avec l'avènement de la peinture à l'huile que cette pratique s'est généralisée. Elle a mené à la mise au point de nombreux médiums à base de résine et d'huiles siccatives, crues ou cuites, destinés à obtenir différentes effets. On peut situer ses débuts à la Renaissance avec les Flamands tout d'abord qui recherchaient un certain illusionnisme puis avec les Vénitiens qui commencèrent à jouer avec la pâte (empâtement, touche, glacis). La pratique du clair-obscur, de Léonard à Rembrandt en passant par Caravage et La Tour, a porté le glacis à un haut degré de raffinement. Le sfumato de Léonard de Vinci est notamment possible grâce à la superposition de glacis."
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